22 novembre 2014

J’ai quitté l’hôtel ce matin vers 9h30 et j’ai rejoint deux autres femmes avec qui j’ai partagé le taxi et la Jeep pour nous rendre à notre prochaine destination Ghachok. Se rendre à cet endroit aura été un périple de plus d’une heure et demi pour peut-être 20 kilomètres même pas! La route est dans un état très rudimentaire et la plupart du temps, c’est en première vitesse que l’on fait le trajet. Comme le chemin est très étroit, nous avons eu de fréquents arrêts afin de favoriser le passage de gros camions qui revenaient d’une carrière ou encore d’un autobus bondé de monde. Quelques fois, c’était tout un casse-tête pour arriver à rétablir la circulation dans les deux sens. Quand ça passe pas deux de large… Certains chauffeurs devaient reculer un peu plus bas pour libérer le passage d’un plus gros et quelques fois, c’était l’inverse. Certaines manœuvres étaient parfois plutôt délicates compte-tenu de la proximité du ravin!

Mais bon, peu importe, cela aura permis de faire plus ample connaissance avec les deux bonne-femmes absolument fantastiques qui partageaient la jeep. Deux allemandes de mon âge; joyeuses, indépendantes, un brin philosophe, mieux les connaître c’était vouloir les connaître encore plus. Rencontre rafraîchissante. Barbara et Claudia…. elles allaient rejoindre un couple d’amis qui était déjà sur place; Matthias et Annette. Amis de longue date avec Basanta, on comprend pourquoi ces gens se sont retrouvés là.

Trouvez l'erreur!

Arriver à Annapurna mon village, c’est arriver dans un espace hors du temps, un endroit… comment trouver les mots? Si calme, si verdoyant, si pur et si grandiose avec en toile de fond toute la chaîne de l’Annapurna. J’écris et j’ai l’impression que ma vision se teinte d'un éclat orangé tant cet environnement me saisit et m’enveloppe dans un écrin de total ébahissement. Très étrange. Un sentiment qui m’habite au bas du ventre et qui donne presque envie de pleurer d’un trop plein de … joie je crois.

Hormis mes états d’âmes illuminés et mes découvertes sociales, j’ai également pu constater comment se passait la construction d’un bâtiment. Et comme les propriétaires ont choisi sciemment de donner du travail aux gens du village, ils doivent accepter les méthodes et le savoir-faire local qui vient avec. Actuellement, le gîte comporte un bâtiment avec des chambres simples ou doubles, un bâtiment pour les toilettes et douches communes, un bâtiment pour la cuisine et salle à manger, un autre bâtiment où il y a des chambres simples et doubles mais avec salle de bain privée. Ils travaillent actuellement à la construction d’un nouveau bâtiment qui sera un bungalow sur deux étages et qui aura sa propre cuisine et salle de bain. Le but étant d’héberger un petit groupe ou encore une famille qui désire être autonome. J’ai pris le temps et on me l’a accordé, d’observer les travailleurs aujourd’hui. Ils taillent pierre par pierre les parois de la maison qu’ils construisent. Pierre par pierre… C’est ahurissant! Et tandis que j’étais là, les travailleurs ont éprouvé un problème technique dans la finition d’un coin de maison. La pierre dont ils disposaient était trop longue et elle contraignait la régularité de l’empilage. Le contremaître a dû intervenir, regarder comment étaient montés les derniers étages de pierre pour finalement conclure qu'il fallait retirer la pierre qui était trois niveaux plus bas afin de la placer spécifiquement sur le dessus. Celle-ci se retrouvait parfaitement à sa place. Mais pour combler le trou qu’elle avait laissé quelques étages plus bas, la pierre de remplacement, bien que de la bonne longueur, était trop profonde. Le maçon a donc remis la pierre au tailleur de pierre afin que celui-ci retranche l’équivalent de quoi… ¼ de pouce de profondeur et elle fut remise en place à la perfection. C’était très impressionnant de les voir bâtir tous ensemble avec une telle minutie, sans stress, étape par étape. De toute beauté; un chef-d’œuvre!

Un tailleur de pierre ajustant une pierre trop profonde.	Elle transporte le ciment, les grosses pierres ou des rejets.

En tout cas, belle journée et belle soirée aussi. Bonne bouffe, bonnes discussions, feu de bois et ciel étoilé. Emmitouflée dans mon gros coton ouaté, j’ai savouré chaque moment. Il est clair que je passe deux nuits ici et que je laisse tomber le vol en ULM. J’ai trop à apprendre de ce village et des environs.