• L'itinérance

    «L’expression [se stabiliser] me semble un peu abstraite pour définir la sensation de se déposer, de prendre contact et habiter son entourage autant que d’en profiter. À court terme, cet aboutissement n’offre aucune perspective. Seul le temps porte en lui l’éclairage et l’acuité de cette expérience.»

    Depuis que je suis arrivée au Québec, c’est la première semaine où je ne bouge pas. Après 56 jours d’itinérance, à vadrouiller entre Montréal, Saint-Wenceslas, Québec, Mistassini, Charlevoix, Saint-Hubert, Trois-Rivières, et le Lac Bouton, c’est mon septième jour consécutif de vie au chalet. Ça fait vraiment du bien!

    POUR S’APPROPRIER LE PRIVILÈGE DE LA STABILITÉ, IL Y A PLUSIEURS ÉTAPES…

    - la petite routine
    Verre d’eau et fruits au lever. Ouvrir le téléphone cellulaire, voir mes courriels. Un peu plus tard, petit déjeuner bien garni avec protéines et céréales. Un peu d’exercice marche, natation, yoga - ça dépend. Tournée des petites boîtes de poison à souris. Va falloir que j’installe des pièges. Mini toilette, ramassage léger et mise en place de ce qui permettra de passer la journée. Manger léger. Longue sortie de natation et me savonner dans le lac. Etc.

    - les réserves
    De la bonne bouffe, de l’eau potable, des chandelles, un livre, de quoi dessiner, de quoi peindre, l’ordinateur chargé, le plein d’essence et passer le plus de temps possible au chalet. Pas le goût de sortir, juste le goût de rester dans cet environnement et d’y arrêter le temps… pour un temps à tout le moins.

    - profiter
    Le lac - Du réveil à la tombée du jour lorsque le vent se tait, que les dernières éclaircies surmontent encore la montagne et y réchauffent la baie; il y a le lac. À tout moment, selon la température ou la nécessité, j’y nage et la plupart du temps, avec un indéfinissable sentiment de perfection.

    Le son - Cette ambiance sonore à la fois omniprésente et feutrée. Le bruissement des feuilles, le babillage des cigales et des criquets, le transport du vent dans la vallée, l’écho permanent et quelques fois si subtil, les multiples concertos de huards, le son de cette chaleur qui se dégage au moment d’une franche éclaircie sur le sol et les épines … quel univers complexe.

    La lumière - Ce que la lumière provoque à son contact… C’est fascinant d’observer comment toute couleur se transforme en intensité et en saturation sous la force et l’angle d’un rayon de soleil. Comment la lumière se décline en un dégradé sur chaque épine d’un conifère. Et selon que la branche se situe au sommet ou à la base, les couleurs s’assombrissent et deviennent plus contrastées. Comment le lac n’est jamais tout à fait bleu comme sur les photos mais pas davantage brun. Comment l’effet diamant fascine aux premières lueurs d’un brouillard qui se lève sur une eau impassible. Comment certains oiseaux révèlent leur magnifique plumage au passage furtif d’un rayon bien orienté. La lumière n’en finit plus de colorer mon entourage.

    La tranquillité - Une ambiance sonore, un décor, un milieu de vie; tous en harmonie avec la Nature avec un grand «N» ce qui inclue l’humain et développe l’humanité.

    La solitude - N’interagir avec personne et tout ce qui m’entoure. Être seule avec moi-même, sans pression aucune. Je ne suis attendue nulle part et je n’attend personne. Habillée, pas habillée. Aucun souci d’apparence sinon celui qui me tente au moment de mon choix.

    Oui, ça fait du bien de se stabiliser. Heureusement qu’il y a le Lac Bouton et notre vieille bicoque pour m’abriter. Ça me permet de cultiver mon bonheur en toute quiétude et de rencontrer mes obligations à distance. Ça me permet surtout de bien vivre cette période loin de mon autre vie, celle que j’avais bâtie depuis cette dernière année à Koné.

    Toute proportion gardée, il y a eu là une importante période de «stabilisation». Je commençais à peine à en ressentir les bienfaits lorsque je fus appelée au Québec. Sachant mon passage de courte durée, je ne peux que conclure en disant: vivement mon retour à la maison. J’ai un processus en suspend et il me tarde de me le réapproprier!

    « La vieille dame et sa chienneLe temps d'un été »

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