• 18 novembre 2014

    Départ vers 9h de l’hôtel Kumari Inn à Katmandou, direction Chitwan. Hé oui, je suis partie deux jours plus tôt que prévu. Tout cela parce que Laura a eu l’idée de demander à un client qui arrivait la veille et qui voyageait seul avec un chauffeur privé s’il accepterait de me prendre à son bord pour faire le trajet jusqu’à Chitwan, ma première destination. Et puis si jamais, on s’entendait bien, peut-être que je pourrais faire le même itinéraire que lui et me retrouver à beaucoup plus d’endroits que j’avais prévu. Donc, Jacqui de son prénom fictif, a accepté avec plaisir de m’accueillir à bord du véhicule qu’il avait loué et nous avons ainsi partagé ce trajet de quelques cinq heures entre Katmandou et Chitwan.

    Après avoir quitté la ville, nous avons abordé une route un peu plus tranquille qui longeait une magnifique rivière. À quelques 300 mètres peut-être un peu plus de hauteur, je pouvais admirer la rivière Narayandhra qui dévalait dans cette immense gorge bordée de sommets atteignant les 1000 mètres. La vue était spectaculaire; cela me captivait complètement et c’est dans un mutisme ahuri que tous mes sens convergeaient en admiration sur la grandeur de ces paysages montagneux. Je résume brièvement car en fait, des paysages et des villages et des vallées et des ravins et des ponts suspendus et tant et tant encore… il y en a pour des pages de description quand on sillonne l’une des principales routes du Népal!

    Ce fut donc une journée somme toute très agréable et relaxe. Jacqui de son prénom fictif s’est arrêté à quelques reprises pour prendre des photos et se délier les jambes, ce qui pour moi était également source de détente et de contemplation.

    Arrivée à destination, Birendra est venu me chercher à l’hôtel où Jacqui de son prénom fictif devait dormir et je me suis rendue chez Birendra dans un gîte typiquement Tharu. Sur les lieux, j’y ai fait la rencontre d’Andréa, une jeune étudiante Argentine qui occupait la chambre voisine. Après avoir bien mangé et pris un peu de repos, Birendra nous a amenées faire la visite du musée Tharu à quelques minutes de marche. Ce fut très instructif. Un musée bâti simplement et efficacement subdivisé afin de démontrer des scènes différentes de la vie de ce peuple fascinant. À chaque scène séparée par des murets de bambou, il y a une série d’outils ou accessoires utilisés lors d’une activité traditionnelle Tharu. Devant ces outils sciemment exposés, une fresque peinte directement sur le mur décrit la scène de vie tout en illustrant l’utilisation des outils exposés.

    Circuit équitable JR-1
    Le musée culturel Tharu.

    Trop d’histoires pour toutes les retenir, mais ce que je sais, c’est que ce peuple a subi un énorme préjudice comme bien des peuples en subissent au cours de leur existence. Ce préjudice a fragilisé leur population et les a appauvri énormément. En fait, vers les années 1850, lorsque le Népal a décidé de diviser la société en système de castes, les Tharu ont été placés au plus bas rang juste avant les intouchables et on leur a enlevé leur terre. Lorsque dans les années 1950, on a traité tout le territoire qu’ils occupaient pour éradiquer la malaria, cela s’est traduit par l’immigration d’autres castes plus élevées qui ont réclamé ce riche terroir désormais habitable. Étant déjà sur place car immunisés depuis des générations contre le paludisme, ils sont devenus en quelque sorte les esclaves de ces nouveaux propriétaires et le sont restés comme une dette de génération en génération jusque dans les années 2000 ou le gouvernement a enfin décrété cette pratique comme étant illégale. Les Tharu ont perdu leur terre à une époque et bien qu’ils aient regagné leur territoire, ils n’ont plus que des parcelles de ce qu’ils possédaient naguère.

    Circuit équitable JR-1
    J'ai eu le privilège de pouvoir photographier quelques pièces du musée. Il me fait plaisir de les partager ici si cela peut faire connaître davantage ce lieu et son peuple.

    Ce soir, la famille de Birendra nous reçoit avec un repas dont la base sera le riz, mais pas n’importe lequel… ce sera du riz gluant ou «sticky rice». Ce riz très particulier et parfumé trempe dans l’eau pendant plusieurs heures avant d’être égoutté et déposé dans un pot de terre cuite dont le fond est très poreux. Sur le feu de bois de la cuisine, une grosse casserole est remplie d’eau bouillante sur laquelle on dépose le pot de terre cuite rempli de riz. On met un lourd couvercle sur le dessus et pour s’assurer qu’il n’y aura pas de fuite de vapeur, on mouille généreusement un torchon que l’on entoure ensuite tout autour de la base du pot de terre, là où il est déposé sur la casserole d’eau bouillante. Cela permet une meilleure étanchéité entre les deux contenants et du fait même, cela assure que la vapeur passe au travers du riz pour une cuisson optimale. Donc au menu, riz gluant, curry de pommes de terre, yak et morceaux d’oeuf. Ah oui, et alcool de riz fait maison!

    Circuit équitable JR-1
    Le gîte chez Birendra. Petite maison dont les murs sont bâtis sur une base de tiges de bambous et recouvertes de terre. Notez les mêmes dessins qui ornent la maison. Je n'en connais pas la signification, mais j'y reviendrai sûrement...
    Circuit équitable JR-1
    L'intérieur de ma chambre. Modeste direz-vous, et pourtant propre et confortable.

    Autour de la table, Birendra avait invité un américain à la retraite qui se passionne pour la biologie animale et qui est très actif ici afin de sauvegarder le tigre de Bengale. Il y avait également cette américaine du Wisconsin qui était ici pour un projet de protection de la femme. Puis, Andrea, jeune argentine qui étudie en anthropologie et qui fait son mémoire sur l’exode des peuples vers des destinations ou l’on s’enrichit plus facilement. Sans compter ce jeune népalais qui travaille également à la préservation du tigre de Bengale, cet autre jeune chauffeur tibétain aussi réservé que cultivé. Bref, toute une tablée internationale au milieu de nulle part où les rhinocéros et les cougars peuvent surgir à tout moment surtout quand c’est très tranquille pendant la nuit. J’avoue que j’ai trouvé ma soirée plutôt surréaliste!


    votre commentaire
  • 19 novembre 2014

    Après une nuit de sommeil un peu troublé par le fait que je dormais dans un nouvel endroit, je prends une douche bien froide pour me réveiller. C’est en discutant avec ma voisine Andrea que nous avons partagé le petit-déjeuner au son du tracteur qui travaillait au champ juste à côté. Birendra est venu nous rejoindre pour discuter un peu du programme de la journée et nous voilà prêtes chacune de notre côté pour aborder cette nouvelle journée avec nos activités prévues.

    Je me rends au Green Society Nepal, une entreprise d’économie sociale mise sur pied par des népalais qui ont à coeur le développement de leur pays. On y a créé neuf emplois depuis sa fondation en 2007 et ils continuent de développer leur produit et la diversification de l’offre. L’entreprise se porte à merveille et contribue de surcroît à la protection de l’environnement. Nous sommes ici devant un projet de recyclage de fumier d’éléphant. Ce déchet organique est trop fibreux pour servir de compost et en fait, il s’accumulait de plus en plus et ne servait à rien. Désormais, ils récupèrent ces déjections là où il y a des éléphants et en font un papier artisanal. Cela crée des emplois aux familles locales et réduit des tonnes de déchets non utilisés. De la collecte de la matière première à la finition des produits dérivés, tout se fait sur place. Certains s’occupent de la fabrication du papier, d’autre de la découpe et de la préparation des différents produits tels que pliage, collage et couture des livres, découpe et pliage des cartes de souhait, découpe, pliage et collage des sacs, etc. Puis, deux artistes s’occupent de peindre des dessins sur les produits une fois qu’ils auront été assemblés. Tandis que j’étais là, j’ai pu assister à toutes les étapes de réalisation; c’était très intéressant.

    Circuit équitable JR-2

    Après avoir été bouilli et rincé, le fumier d'éléphant est acheminé dans cet espèce de malaxeur qui va homogénéiser la pâte.

    Circuit équitable JR-2
    On verse ensuite la pâte bien mixée sur un moustiquaire flottant dans une eau claire et propre.

    Circuit équitable JR-2
    On brasse tout ça comme il faut pour bien répartir la pâte afin qu'elle recouvre la totalité de la surface du tamis.

    Circuit équitable JR-2
    On égoutte tout ça bien comme il faut et puis, on fait sécher au soleil en disposant les cadres deux par deux pour former une tente. (photo que j'ai omis de prendre... non mais quelle lacune!!!)

    Entre chaque étape de fabrication, que ce soit bouillir les fibres, le trempage de la pâte, le séchage des feuilles de papier, etc,  comme il y avait des délais, je me suis installée à l’hôtel juste en face; le Park Side Hôtel où on me laissait gentiment utiliser l’électricité pour recharger mes appareils électroniques et profiter du réseau Internet. J’ai pu ainsi poursuivre mon travail et échanger quelques courriels. J’en ai également appris davantage sur cet hôtel qui s’est aussi dotée d’une mission humanitaire.

    Je suis rentrée à pied jusqu’à mon gîte et j’ai pu partager un bon moment d’échange avec Birendra. Moment pendant lequel, nous avons fait le tour des services qu’il peut offrir, nous avons également discuté des standards de qualité qui pourraient se mettre en place avec une infrastructure «équitable» et puis nous sommes retournés visiter le musée où j’ai pu prendre des photos. Tout ce matériel servira à promouvoir le peuple Tharu et sa nature profondément traditionnelle. Le gîte de Birendra ne sera pas en reste puisque celui-ci est tout à fait dans la lignée de ce que nous recherchons à travers la conception de ce nouveau circuit.

    La journée s’est terminée tout en douceur en partageant le Dahl et le riz gluant. Couché à 20h, claquée!


    votre commentaire
  • 20 novembre 2014

    Couchée à l’heure des poules, je me suis réveillée à l’heure de coqs! Ce sera une journée de déplacement aujourd’hui. J’ai décidé de me rendre directement à Pokara où je souhaitais passer quelques jours. Je ne voulais pas que passer comme la dernière fois, je voulais vraiment prendre le temps de m’imprégner de cette ville et de voir les beautés qu’elle recelle. Si j’avais pris la direction de Lumbini comme il aurait été possible de faire si j’étais partie avec Jacqui de son prénom fictif, je n’aurais passé qu’une journée et demi à Pokhara. Trop peu pour moi et tout pour le circuit équitable. Donc cinq heures de bus et des paysages à couper le souffle.  Encore la belle rivière Narayandhra et quelques vertiges en prime!

    Sitôt arrivée à Pokhara, Basanta m’attendait au terminus de bus et j’ai pu rapidement regagner l’hôtel. Le temps de prendre une douche et de contacter Lili, une retraitée française qui vient à chaque année depuis 17 ans aider la communauté de Pokhara. Je la rejoins pour prendre le thé aux abords du lac Phewa.  Nous avons discuté de tout et de rien, nous avons abordé un peu le sujet du tourisme équitable puis l’idée lui est venue de me présenter à Sunit, une jeune entrepreneure népalaise qui est très impliquée tant au niveau de son village pour encourager l’émergence d’initiatives en micro-économie que pour offrir du travail dans la confection de sacs de tous genres. Elle possède également une orangeraie biologique la-haut dans son village et elle y tient un gîte qui n’est pas vraiment exploité parce qu’elle est déjà tellement prise par tous ses engagements.

    Comme Lili et moi avions à peine une demi-heure pour discuter avec elle, je lui ai dit que je reviendrais demain afin de mieux approfondir la discussion et voir comment l’intégrer à l’intérieur d’un circuit de tourisme équitable… je cherche encore le filon. Mais cette jeune femme peut avoir des idées surprenantes et elle vaut certainement le détour.

    Nous devions ensuite rejoindre une copine de Lili pour partager le repas du soir, mais comme celle-ci était avec des amis qui repartaient le lendemain et que ceux-ci voulaient aller manger dans un endroit touristique, ce que Lili ne fait jamais, nous avons pris notre route chacune de notre côté. Moi avec Lili et la jeune fille avec ses amis. On s’est retrouvée dans un bouiboui caché au fond d’une petite rue parallèle et j’y ai mangé un délicieux chow mein aux légumes pour un prix dérisoire… on parle de 70 roupis soit environ 0,80$. Merci pour le tuyau Lili! Et en prime; quelques jeunes assis à la table voisine écoutaient Bob Dylan «Like a rolling stone». Évidemment, j’ai pas pu m’empêcher de les accompagner pour le refrain qu’ils chantaient tous en coeur, c’était un beau moment!

    La chambre de cet hôtel, le Blue Planet Lodge, est très bien. Planchers en céramique, lits douillets, literie propre, beaucoup d’eau chaude!!! Une salle de bain propre. Que demander de mieux?  Je me suis fait un double shampoing; quel luxe! Je suis très contente d’être ici et je vais investiguer un peu plus sur cet hôtel très bien tenu par un couple népalo-belge. En arrivant, j’ai croisé le propriétaire et je lui ai demandé si je pouvais avoir un petit moment avec lui demain matin afin de discuter de mon projet de tourisme équitable. Je devrais le voir très tôt en matinée, j’ai hâte de voir s’il a une offre qui peut s’accorder en ce sens.

    J’aurai une journée pas mal chargée puisque je veux revoir cette jeune fille, je veux discuter avec le patron de l’hôtel et je veux également passer du temps avec Basanta. Je crois que je vais passer une deuxième nuit à Pokhara avant de monter au gîte Annapurna mon village situé un peu plus en montagne dans Ghachok.


    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique