• Ce matin, tout a commencé par un baptême - disons -  civil. Une cérémonie tenue par les parents et qui a pour but de présenter leur nouveau-né à toute la communauté. Tout un chacun va se présenter entre 7h et 9h pour saluer le nouveau-né, formuler un vœux, faire un don et partager le petit déjeuner. La tradition shan veut que l’on attache autour du poignet du poupon un billet de monnaie. Pour se faire, on roule très serré le billet de monnaie puis on sécurise le rouleau en y fixant une corde autour. Une corde assez longue pour que l’on puisse par la suite, l’attacher autour du poignet du petit. La mère est assise avec son bébé dans les bras. Devant elle, un bol rempli de bouts de corde préalablement coupés afin de nous faciliter la tâche pour notre don. Et on circule à tour de rôle devant elle, s’attardant pour saluer l’enfant , préparer le don et le mettre en place comme il se doit.

    Après avoir bien mangé, il est temps de rentrer, paqueter mes derniers effets et me préparer pour aller rejoindre Ampha à Pang Mapha. Elle y viendra comme à tous les mardi pour faire des emplettes pour ses commerces et nous en profiterons pour nous rencontrer, car je m’en retourne chez elle pour quelques jours afin de lui donner un coup de main. À ce moment-là, je ne savais pas encore à qui j’aurais affaire.

    Mardi est jour de marché à Pang Mapha. Tous les gens des environs ainsi que les différentes ethnies qui viennent des montagnes avoisinantes viennent y installer leur kiosque pour vendre le fruit de leur travail. Vêtements faits main ou achetés en lots à rabais, artisanat, fruits, légumes, œufs, viandes, poissons séchés, grillons sautés, mélanges d’épices préparés, fleurs coupées, jouets et bien sûr, toute une série de petits comptoirs qui pour l’occasion, s’installent avec leur préparation alimentaire; la culture du «street food». Y a du monde, des odeurs, des couleurs et du bruit! En attendant la rencontre, nous nous baladons à travers les étals et je m’imprègne de cette ambiance très particulière. C’est un peu comme aller à la foire sans les manèges!

    Marché de Soppong
    De tout au meilleur prix de la semaine!
    Marché de Soppong
    C'est LA journée des meilleures aubaines pour tous!
    Marché de Soppong
    Des bonnes grillades enfumées.
    Marché de Soppong
    Les Karen viennent des montagnes pour y vendre leur culture ainsi que leur artisanat.

    Et puis vient la rencontre, l’échange et le départ vers Mae Lana. Un petit village encore plus perdu si c’est possible, que Thamlod. La nature est malheureusement complètement desséché dans les environs à cette époque-ci de l’année et pourtant, ce magnifique paysage sait retenir l’attention en dévoilant l’essentiel de ses atours importants.


    votre commentaire
  • Hé bien aujourd’hui dimanche, les nouvelles ne sont pas si bonnes. Depuis ces quatre derniers jours, j’expérimente un phénomène dérangeant dans mon œil gauche. Un corps flottant qui traverse mon champ de vision presque de part en part est apparu. Au début, je croyais que c’était une sorte de mouche qui était collé sur mon œil parce que c'est apparu spontanément après un déplacement en scooter. Mais après différentes manipulations et applications de gouttes, comme rien ne bougeait, j’ai bien dû constater que cette manifestation était d’autre nature.

    Après avoir fouillé sur Internet et selon la description de mes symptômes, il y avait de quoi m’inquiéter alors j’ai consulté Info Santé au Québec afin de vérifier ce que je devais faire. Suite à mes explications, l’infirmière me recommandait sans hésitation de consulter de toute urgence un ophtalmologiste. C’est loin d’être évident de bouger vite à l’extrémité Nord du pays. Comme j’avais déjà mon billet de retour pour cet après-midi, je vais attendre et prendre le mini-van. Par contre je vais voir si je peux changer ma destination et me rendre directement jusqu’à Chiang Mai afin d’y être demain à la première heure. J’ai trouvé un hôpital qui semble très très bien. Il est classé parmi le très sélectif top 200 meilleurs hôpitaux au monde par la «Joint Commission International Accreditation» JCIA. Et ils ont toute une équipe d’ophtalmologistes qui se partagent les horaires de 9h à 20h. Je reste zen…

    Une fois rendue au terminus d’autobus j'obtiens une place dans un mini-van jusqu’à Chiang Mai. Dans le temps de le dire, je booke un hôtel pas très loin de l’hôpital. Fourbue après une balade de quelques 2000 virages sur 250 Km et cinq heures et demi de route, je vais prendre un Tuck Tuck que je négocie à peine et je me fais reconduire jusqu’à l’hôtel. Wow, regardez la chambre que l’on m’assigne pour la modique somme de 28$ CAD. On me dit d’emblée en arrivant qu’on m’a «upgradée» parce qu’ils avaient de la place et que j’avais spécifié un emplacement tranquille. Je me retrouve avec une suite toute équipée.

    Chambre Chiang Mai - Opium Residences

    Quel bonheur! Je vais pouvoir me faire à manger!!! Ce dont j’ai grand besoin après les sautés huileux de Fon et ses nouilles instantanées assaisonnées avec de la poudre et du GMS. Pour l’heure, je m’installe et je m’empresse d’aller chercher de quoi me sustenter pour la soirée et je me prends une soupe au riz pour le petit déjeuner.

    Après une nuit de repos qui fait du bien, je me dépêche de prendre mon petit déjeuner et de faire mes repérages sur la carte. J’apporte avec moi ma petite tablette qui me servira de GPS et…. je ne me perd pas! hahaha J’arrive à pied, du premier coup, 20 minutes plus tard directement devant l’hôpital. Après mon inscription et autres détails administratifs, je me dirige vers le comptoir en face pour aller chercher un mot de passe qui est créé sur le champ uniquement pour moi et je peux ainsi accéder au WIFI de l'hôpital le temps de mon passage. Puis, je m’installe confortablement dans un fauteuil douillet en attendant l’arrivée de mon médecin. Je suis la première sur la liste et je suis arrivée à peine 45 minutes à l’avance. C’est beau le privé!

    L’ophtalmologiste qui me reçoit va examiner mon œil sous toutes ses coutures et s’attardera sur quelques détails deux fois plutôt qu’une. Rien dit-elle. Il n’y a rien. Je vois bien la grosse ligne noire que tu vois dans ton champ de vision mais cela est causé par le durcissement du vitré, phénomène naturel à ton âge ma vieille! Il y a des résidus qui se sont accumulés dans le vitré et comme celui-ci n’est plus aussi gélatineux et fluide qu’à tes vingt ans, hé bien les résidus se sont agglomérés et ils tardent à s'évacuer. Mais t’inquiète, ça devrait se résorber. Pour les flashs lumineux dont tu me parles, ça pourrait être inquiétant oui mais je ne vois aucun décollement de la rétine. Ton œil va bien. Pour être plus sûr, on se revoit dans trois semaines et en attendant, prends ces vitamines qui vont aider à assouplir le vitré, sois attentive aux moindres changements et sois patiente. Ça peut prendre des mois à disparaître comme quelques jours seulement. Si tu ressens quelqu’inconfort que ce soit ou anomalie qui t’inquiète avec ton œil, n’hésite surtout pas à nous appeler et je te reverrai plus tôt. Repose-toi, ne fais pas de yoga ni d'effort d'aucune sorte et reste vigilante.

    Je suis repartie très soulagée avec une facture de 1500 BHT, ce qui représente grosso-modo 60$ pour: l’ouverture du dossier, les soins infirmiers, le matériel utilisé (on m’a mis beaucoup de gouttes de toutes sortes dans les yeux), les vitamines et la consultation d’une spécialiste.

    Je rappelle donc rapidement Fon lundi pour lui dire que je peux retourner à l’école s’ils ont encore besoin de moi. Je sais que je vais arriver pour la dernière journée de classe demain, mais peut-être que je peux faire quelque chose. Les enseignants sont encore là jusqu’à la fin de la semaine et elle m’avait mentionné que le prof. d’informatique était intéressé à prendre de la formation en privé sur Photoshop. Oui, oui, viens-t-en, nous discuterons à ton retour de ce que tu pourras faire encore pour ces derniers jours. J’avais fait attention de parler lentement pour m’assurer d’être bien comprise. Alors, au lieu de prévoir mon retour directement chez Pen, j’informe celle-ci qu’il semble qu’on ait besoin de moi pour la semaine à l’école. OK, me dit-elle. On se voit quand tu es prête.

    De retour à l’école après 3 heures et demi de mini-van et un peu de taxi-scooter, je me retrouve à l'école, mais il n’y a personne. Tout le monde est au village. OK, c’est ben correct, je vais attendre le retour de Fon et en profiter pour mettre mon blogue à jour. Et puis finalement vers 16h, Fon arrive et m’annonce qu’elle part pour Chiang Mai dret là et que je dois partir tout de suite chez Pen car on ne peut pas me garder à l’école. Sandy ira te reconduire tout de suite. Bon… OK, puis-je avoir la clé de ma chambre, j’y ai oublié une couple d’affaires et je suis prête après. Mais faut aussi que j'appelle Pen pour savoir si elle est disponible pour m’accueillir maintenant. Aux dernières nouvelles, j'avais tout organisé autour de ta réponse concernant ma dernière semaine de volontariat à l'école. Ben non, je lui ai pas dis ça, je l'ai gardé pour moi. Heureusement, Pen est disponible et tient à m'inclure dans ses projets des prochains jours qui s'avèrent d'ailleurs très intéressants si on peut se trouver une auto. Donc, tout s’arrange pour le mieux.

    J’ai la rétine qui piétine;... je ne vois pas bien mes pages blanches, y a une barre noirâtre dans la face de certaines gens que je regarde.

    Épilogue: Reste zen ma Lili, ne perd pas ton énergie dans les détails qui agacent. Concentre-toi sur les moments de grâce et tu profiteras bien mieux de ton périple.


    votre commentaire
  • «L’expression [se stabiliser] me semble un peu abstraite pour définir la sensation de se déposer, de prendre contact et habiter son entourage autant que d’en profiter. À court terme, cet aboutissement n’offre aucune perspective. Seul le temps porte en lui l’éclairage et l’acuité de cette expérience.»

    Depuis que je suis arrivée au Québec, c’est la première semaine où je ne bouge pas. Après 56 jours d’itinérance, à vadrouiller entre Montréal, Saint-Wenceslas, Québec, Mistassini, Charlevoix, Saint-Hubert, Trois-Rivières, et le Lac Bouton, c’est mon septième jour consécutif de vie au chalet. Ça fait vraiment du bien!

    POUR S’APPROPRIER LE PRIVILÈGE DE LA STABILITÉ, IL Y A PLUSIEURS ÉTAPES…

    - la petite routine
    Verre d’eau et fruits au lever. Ouvrir le téléphone cellulaire, voir mes courriels. Un peu plus tard, petit déjeuner bien garni avec protéines et céréales. Un peu d’exercice marche, natation, yoga - ça dépend. Tournée des petites boîtes de poison à souris. Va falloir que j’installe des pièges. Mini toilette, ramassage léger et mise en place de ce qui permettra de passer la journée. Manger léger. Longue sortie de natation et me savonner dans le lac. Etc.

    - les réserves
    De la bonne bouffe, de l’eau potable, des chandelles, un livre, de quoi dessiner, de quoi peindre, l’ordinateur chargé, le plein d’essence et passer le plus de temps possible au chalet. Pas le goût de sortir, juste le goût de rester dans cet environnement et d’y arrêter le temps… pour un temps à tout le moins.

    - profiter
    Le lac - Du réveil à la tombée du jour lorsque le vent se tait, que les dernières éclaircies surmontent encore la montagne et y réchauffent la baie; il y a le lac. À tout moment, selon la température ou la nécessité, j’y nage et la plupart du temps, avec un indéfinissable sentiment de perfection.

    Le son - Cette ambiance sonore à la fois omniprésente et feutrée. Le bruissement des feuilles, le babillage des cigales et des criquets, le transport du vent dans la vallée, l’écho permanent et quelques fois si subtil, les multiples concertos de huards, le son de cette chaleur qui se dégage au moment d’une franche éclaircie sur le sol et les épines … quel univers complexe.

    La lumière - Ce que la lumière provoque à son contact… C’est fascinant d’observer comment toute couleur se transforme en intensité et en saturation sous la force et l’angle d’un rayon de soleil. Comment la lumière se décline en un dégradé sur chaque épine d’un conifère. Et selon que la branche se situe au sommet ou à la base, les couleurs s’assombrissent et deviennent plus contrastées. Comment le lac n’est jamais tout à fait bleu comme sur les photos mais pas davantage brun. Comment l’effet diamant fascine aux premières lueurs d’un brouillard qui se lève sur une eau impassible. Comment certains oiseaux révèlent leur magnifique plumage au passage furtif d’un rayon bien orienté. La lumière n’en finit plus de colorer mon entourage.

    La tranquillité - Une ambiance sonore, un décor, un milieu de vie; tous en harmonie avec la Nature avec un grand «N» ce qui inclue l’humain et développe l’humanité.

    La solitude - N’interagir avec personne et tout ce qui m’entoure. Être seule avec moi-même, sans pression aucune. Je ne suis attendue nulle part et je n’attend personne. Habillée, pas habillée. Aucun souci d’apparence sinon celui qui me tente au moment de mon choix.

    Oui, ça fait du bien de se stabiliser. Heureusement qu’il y a le Lac Bouton et notre vieille bicoque pour m’abriter. Ça me permet de cultiver mon bonheur en toute quiétude et de rencontrer mes obligations à distance. Ça me permet surtout de bien vivre cette période loin de mon autre vie, celle que j’avais bâtie depuis cette dernière année à Koné.

    Toute proportion gardée, il y a eu là une importante période de «stabilisation». Je commençais à peine à en ressentir les bienfaits lorsque je fus appelée au Québec. Sachant mon passage de courte durée, je ne peux que conclure en disant: vivement mon retour à la maison. J’ai un processus en suspend et il me tarde de me le réapproprier!


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique