• Musique, ménage, rassemblement, un début de journée comme les autres sauf que c’est la première journée des examens. Les cheveux bien tressés ou la coupe bien lissée, les élèves sont particulièrement bien mis aujourd’hui. Je vais travailler avec le prof d’informatique, car il sera libre. J’aime bien travailler avec lui. Je ne sais pas quel âge il a; entre 25 et 38 peut-être… mais en tout cas, ce qui compte c’est qu’il est vraiment sympathique. Il sourit tout le temps et on voit qu’il aime bien rigoler même avec ses élèves. Il parle presque juste Thaï, un mot d’anglais ici et là, et avec le traducteur de Google, on arrive à se comprendre. Disons qu’on avance à pas de tortue, mais on avance.

    Sinon, aujourd’hui, j’aurai pas fait grand chose d’autre. Tout le monde est super occupé et on a pas le temps de m’assigner des tâches. J’ai l’impression d’être un fardeau bien plus que d’être une aide pour l’école. Je ressens un sentiment assez mitigée envers cette école d’ailleurs. C’est une école avec de beaux bâtiments, une belle cafétéria pour les élèves, une aire de jeux avec plusieurs manèges, un internat, deux bâtiments de deux étages pour les classes, un poste de commande avec au-dessus un appartement de fonction. La directrice a un super beau bureau. Dans le petit local où je travaille, qui est une sorte de gazebo où l’électricité se rend et où le signal Wifi est plutôt excellent, il y a plusieurs photos d’elle. Elle est habillée en militaire et porte plusieurs décorations sur son blouson. Sur une de ces photos, elle reçoit de la main du roi, une décoration, sur une autre, une plaquette. Sur une autre encore, elle prend possession d’une super BMW blanche. En tout cas, cette école n’est pas à plaindre.

    Thaïlande JR-4
    Le gazebo où je m'installe. C'est quand même très agréable n'est-ce pas!

    Bref, loin de moi l’idée de vouloir dénigrer les dirigeants de la place. Déjà, la langue est assez difficile à surmonter dans la conversation la plus banale alors, il est certain que je manque des gros bouts de l’histoire. Il n’en demeure pas moins que je me sens un peu négligée et inutile.

    Je me suis mise à réfléchir à toutes ces découvertes que m’apportent les voyages et j’ai l’impression qu’une belle boîte remplie de pièces de puzzle s’est ouverte à moi. Me démontrant autant de petits morceaux qu’il existe d’univers, de cultures, d’environnements, d’odeurs, de saveurs etc. La quantité de petits morceaux est infinie, je ne sais ce qu’il y a encore à découvrir. Par contre ce dont je suis sûre, c’est qu’il existe une grande carte complète, une photo multidimensionnelle qui illustre un panorama tout entier et que chaque pièce est également essentielle au sens global de cet ultime portrait. Cette boîte exerce une attraction aléatoire et c’est très bien ainsi parce qu’une fois plongée dedans, elle draine autant d’énergie qu’elle apporte de nutriments. À consulter avec parcimonie. (lire: voyager oui, mais rester centrée…)


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  • Je me suis levée un peu plus tôt aujourd’hui car je devais aller au village pour un suivi médical. Rien de grave, j’en parle simplement parce que l’expérience en soi vaut le commentaire, mais tout est sous contrôle. C’est que pendant le voyage avec Louis, nous avons passé un petit moment dans un endroit assez reculé afin de visiter une caverne magnifique. C’était une balade qui se faisait sur un radeau de bambou et pendant laquelle on traversait le cœur d'un caverne gigantesque guidés par une vieille dame et sa lampe au gaz. Elle connaissait tous les mots clés nécessaires à notre compréhension. Un endroit magnifique, souverain et surprenant.

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    À la tombée du jour, des milliers d'hirondelles s'engouffraient à l'intérieur de la grotte dans une cacophonie impressionnante et l'odeur...

    Nous logions chez Pen. Elle a une chienne très gentille qui est ma foi presque trop intelligente. Pour exemple, lorsque nous nous dirigions vers la caverne, aucune indication n'existait. On nous avait indiqué le chemin en disant suivez cette route à pied. Mais à vrai dire, il y avait tout de même quelques croisements. Hé bien, la chienne de Pen aura été devant nous tout le long du trajet et elle nous a menés exactement au bon endroit. J'ai trouvé ce comportement très spécial. Elle doit être habituée aux touristes et à ce parcours qu'ils font tous. Ces temps-ci, un jeune chien fou vient jouer chez elle. En soi, il n’est pas malicieux pour deux sous, mais il est très mal élevé et quand il voit des visiteurs arriver, il leur saute dessus afin de manifester sa joie. Il ne demande que des caresses. Mais comme je lui dis de ne pas faire ça et que Pen lui parle fort pour qu’il arrête, la chienne s’en mêle aussi et elle va le mordiller pour qu’il s’éloigne de moi. Les deux vont se mettre à se courir après derrière moi et puis sans prévenir, je sens un crocs pénétrer le tendon de ma cheville. Une petite croquée insignifiante mais jusqu’au sang. Comme on est dans une région rurale et qu’il y a énormément de chauve-souris par ici, je n’ai pas pris de chance et j’ai entamé le protocole anti rabique qui consiste en cinq injections réparties comme suit: jour 0, jour 3, jour 7, jour 14 et jour 28. Aujourd’hui était la quatrième injection. Je suis pas mal certaine que cette mesure est inutile, mais je préfère ne pas prendre le risque.

    Fréquenter les hôpitaux Thaïlandais fera donc partie de mon expérience car j'en aurai vu quatre différents pour ces cinq injections. À chaque endroit, je présentais le petit papier écrit en thaï qui identifie à la fois la nature du traitement en cours ainsi que le nombre d'injections à faire et les dates prévues. À chaque endroit, je me faisais traiter en priorité. C'est sûr que juste une piqûre, ça demande pas beaucoup de temps, quelques minutes avec une infirmière et ensuite on va payer. Mais à chaque fois, il y a toute une procédure administrative qui s'ajoute. J'ai besoin d'un rapport médical qui explique en anglais la raison de mon passage à l'hôpital ainsi qu'une facture en bonne et due forme afin de pouvoir réclamer le remboursement aux assurances. Mentionner tout ça et se faire comprendre en anglais; pas toujours évident. Et eux, pas très habitué à préparer ces documents. Donc, pour un petit cinq minutes de soins on en passe en moyenne 25 pour l'administratif, incluant le passage à la caisse et c'est allé jusqu'à plus de 45 minutes.

    Je reviens sur le traitement prioritaire car Louis et moi avons été fort impressionnés particulièrement à un endroit. Dès que nous avons mis les pieds dans cet hôpital de Nakhon Sawan on est venus à nous. J'ai présenté mon historique de vaccination et ça n'a pas pris une minute qu'on nous invitait à suivre une infirmière. Nous quittions la salle d'attente du réz-de-chaussée et nous nous sommes retrouvés dans la salle d'attente des riches au deuxième étage. Enfin, je ne sais pas trop comment l'expliquer autrement. Mais on passait de la petite chaise droite de plastique fixée en série sur une longue barre métallique à des fauteuils de cuir moelleux à souhaits avec tablette individuelle, télévision et service à notre emplacement. On nous a offert café, thé, eau...! Tout le monde était au petit soin avec nous. Quant à l'injection, j'ai beau me concentrer... je n'ai pratiquement rien ressenti. L'infirmière avait une touche magique.

    Cette fois-ci n'aura pas été différente des autres, sinon qu'il n'y avait pas de salle pour les riches. Mais on m'a traitée rapidement et à cet endroit pourtant reculé, l'administration a été très rapide. En un rien de temps je ressortais de l'hôpital après avoir discuter une bonne dizaine de minutes avec le responsable de la caisse. Il s'est même empressé de me trouver quelqu'un qui redescendait vers le village afin que je n'aie pas à marcher ces quelques kilomètres sous le soleil ardent.

    À mon retour à l’école, le temps s'est recouvert graduellement et alors qu’une petite bande d’élèves et moi jouions au bonhomme pendu dans le gazebo, la pluie s’est mise à tomber de plus en plus fort, de plus en plus dense jusqu’à ce que je ça devienne un véritable mur d’eau. Sur les toitures de tôle, le bruit prenait toute la place et noyait toutes les conversations. Les enfants étaient excités et heureux, un peu d’humidité était plus que bienvenue. Et puis «toc» et un autre quelques secondes après, un troisième et un autre un peu plus rapproché et finalement, de multiples «tocs» à la fois jusqu’à couvrir tous les sons même celui de la pluie; une grêle fulgurante nous a pris d’assaut. Jamais je n’aurais pensé que dans un climat aussi chaud on pouvait voir pareil phénomène et surtout, avec une aussi forte intensité. Les glaçons mesuraient tous plus d’un centimètre de diamètre et tombaient tombaient tombaient! Les enfants, intrigués, heureux et enjoués se promenaient sous cette pluie qui pince pour ramasser les glaçons au sol. L’un d’entre eux en a formé une grosse boule, un autre les a ramassés dans son t-shirt qu'il tendait au ciel comme un gros panier, un autre encore, se promenait avec un gros bol de métal sur la tête. Sodita, quand à elle, les ramassait par terre et remplissait une petite bouteille de plastique. Le phénomène d’une rare intensité aura duré tout près d’une trentaine de minutes, j’avoue n’avoir jamais rien vu de tel même au Québec.

    Une journée très agréable qui s’est terminée dans le chaos de ma chambre. Plus d’eau, le plancher de ma toilette couvert de saleté et une ouverture dans le plafond au-dessus de mon lit! Premier constat est qu’on a fait des améliorations sur le robinet et la tuyauterie du lavabo et j’imagine qu’on doit passer des fils par le faux plafond et que c’est pas terminé. Bon, ça fait que malgré la journée chaude qui a laissé une couche de poussière sur la moiteur de ma peau collante, je vais pas pouvoir me laver. Petit brossage de dents avec l’eau de bouteille et heureusement, la cuve de la toilette est pleine, je vais la garder pour chasser l’eau demain matin avant de quitter. Je suis très heureuse ce soir d’avoir ma moustiquaire! J’inspecte comme il faut le lit et l’oreiller et puis je m’enferme derrière mon voile de princesse pour une nuit au sommeil fragmenté.

    (d'autres photos suivront dès que je les aurai transférées sur mon ordinateur)


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  • Mon visa viendra à échéance ce dimanche 29 mars et je me suis mal organisée avant mon départ ce qui fait que maintenant, je dois courir un bureau d’immigration pas trop loin pour demander une extension de 30 jours supplémentaires. Je me suis donc levée tôt ce matin afin de préparer un petit baluchon pour la fin de semaine et m’assurer que Fon pourrait soit faire un appel pour me trouver un taxi, soit demander à quelqu’un déjà à l’école de venir me conduire. Je savais que cela pourrait prendre du temps alors je préférais autant attendre au village que la bus arrive plutôt que de risquer de la manquer à attendre après Fon.

    Je n’avais pas terminé mon petit déjeuner quand Fon m’annonce que Soli pourrait venir me conduire si je suis prête «dret là». Il est 7h15. Yes! J’avais prévu le coup, tous mes bagages sont faits, il ne me reste qu’à retourner à ma chambre pour brosser mes dents, me chausser et enfiler mon magnifique nouveau sac à dos vert lime.

    À peine j’arrive à la chambre que je suis submergée par une vague de jeunes qui viennent m’accueillir «good morning Lisa!». Il y a Sodita, Faha, Fon, Tru…(j’oublie tout le temps son prénom) et quelques garçons. Ouf! Je ne m’attendais pas à un tel comité d’accueil. J’aurais voulu avoir le temps de prendre une photo pour partager avec vous en ce moment précis, toute la beauté de ces visages souriants qui se tenaient dans le cadre de ma porte. J’aurais voulu avoir plus de temps avec eux, mais je dois me dépêcher, je ne veux surtout pas faire attendre Soli.

    Après une petite balade en scooter, me voici donc assise dans un resto-boui-boui du coin, juste en face de ce qui sert de terminus d’autobus. En fait, l’arrêt se décrit comme suit: un grand arbre au milieu d’un stationnement autour duquel une sorte de faré en tôle apporte de l’ombre au-dessus d’un banc qui fait également le tour du tronc de l’arbre. Les gens s’assoient à l’abri du soleil à cet endroit en attendant leur autobus. Une petite plaquette de bois peinte à la main fait face à la rue principale et indique en anglais: «Welcome to Soppong». Voilà!

    À cette heure, le petit village s’active tranquillement. Beaucoup de motos et scooters, quelques camions et pas encore une automobile en vue. Sur le bord du chemin, les commerçants entament leur journée, montent leurs étals et ouvrent leur boutique. Ici un énorme comptoir de viande surtout du porc et là, des piles de cartons remplis d’oeufs tout droit sortis des poulaillers du village. Et puis tout à côté, déposés sur un fond de glace, des fruits fraichement préparés, emballés dans des sacs de plastics transparents fermés par un bâtonnet qui transperce l’ouverture afin de garder le sac fermé. Quand on retire ce bâtonnet, le sac offre son contenu et le bâtonnet quant à lui, sert éventuellement pour piquer le morceau de fruit et le manger sans se coller les doigts. Une portion de fruit frais: 10 bath (0,40$).

    J’aurai entamé un trajet d’environ 1h30 pour 68 km, hé oui mon Joce, encore un parcours de rêve pour un motard sans casque. Des courbes en continu, des virages en tête d’épingle et des montées jusqu’à 2000 mètres et plus!

    Débarquée au pied du bureau d’Immigration de Mae Hong Son, je vais entreprendre une ascension d’une quinzaine de minutes en prenant quelques poses pour reprendre mon souffle. Ce chemin est très à pic. En cours de route, je vais croiser un officier du bureau d’immigration qui redescend en camion et il me salue en me disant que je suis pas mal bonne de faire ça à pied. Je sais pas s’il voulait rire de moi ou s’il était sérieux, mais moi en tout cas, je crois qu’il était TRÈS sérieux! J’ai pu renouveler sans encombre; je suis en règle avec le royaume du Siam. Je peux tourner une page sur ce chapitre et poursuivre mon périple sans inquiétude à ce niveau et pour l'heure, profiter de la petite ville de Mae Hong Son le temps d'un week-end.

    Première chose que je fais en arrivant, c’est: prendre une douche chaude! Je me fais un double shampoing et je vais pouvoir épiler ma si agréable moustache car j’ai accès à un miroir! Je réalise que ça fait six jours que je n’ai pas vu mon reflet. Ça fait du bien! Pas de se voir, mais plutôt d’oublier à quoi on ressemble et se concentrer uniquement à ce qu’on ressent et à ce qui se passe. L’attraction d’un miroir, c’est très puissant quand on y pense.

    Aujourd’hui, si je résume mon état d’âme actuel: ahhhhhhhhhhhhhhh, ça fait du bien de se poser.


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