• J’ai quitté Louis samedi matin vers 8h. Lui à la porte M et moi à la porte F, direction Chiang Mai - Pai - Soppong. J’ai réussi à me rendre jusqu’à Pai en après-midi croyant pouvoir attraper l’autobus de fin de journée pour me rendre jusqu’à Soppong où Pen devait me rejoindre. Mais j’ai manqué l’autobus de quelques minutes et on m’a dit de revenir le lendemain matin, l’autobus part à 8h30.

    J’ai donc profité de ce temps libre pour m’installer dans un petit hôtel très sympathique qui se nomme Lilu et je suis allée me promener sur la «main» bondée de touristes tout droit sortis des années 70. Je me sentais parmi les miens mais décalée de quelques décennies. Disons que l’expérience comportait une dimension à la fois rétro et surréaliste!

    Ce matin, j’étais à la station d’autobus vers 7h30 mais déjà, tous les billets pour le mini-bus de 8h30 étaient vendus et le prochain, c’est demain! Si j’avais su qu’il fallait réserver ma place à l’avance, je l’aurais fait dès hier. Et ça c'est le bus de riche, super mini-van avec climatisation et sièges rembourrés confortables. Mais il fallait que je bouge alors j'ai décidé de prendre le prochain bus... local! De toute manière, il faut bien que j’arrive à Soppong à un moment ou à un autre.

    Et puis ce vieil autobus est arrivé, toutes les fenêtres ouvertes, les sièges si collés les uns sur les autres qu’il m’aura fallu un temps fou pour me trouver une position à peu près confortable car en plus, j’avais la bosse de l’essieu à mes pieds. Bon, pour un trajet d’une heure et demi, c’est pas la fin du monde.

    Et puis, vint s’asseoir à côté de moi ce petit bonhomme joufflu à souhait et aux yeux brillants, 10-11 ans peut-être. Il me tournait le dos et se tenait au bout de son banc. On voyait qu’il se sentait gêné par ma présence, moi la «farang» comme ils nous appellent. (Farang qui vient sans doute de foreign - étranger).

    La barrière de la langue n’arrangeait en rien la situation et notre proximité aurait pu devenir lourde si je n’avais eu la bonne idée de sortir mon iPod et de lui tendre une de mes oreillettes afin qu’il découvre un peu de ma musique, celle des années-70-80. Très tendance de toute manière dans la région de Pai. Hé oui, le miracle se produisit et malgré que nous n’ayons échangé aucun mot, nous partagions le plaisir évident d’écouter la même musique. Lui avec l’oreillette gauche et moi avec la droite. Il s’est endormi en route avec ma musique dans ses oreilles et il a même déposé son épaule sur mon bras pour une partie du trajet. Je l’ai conquis et moi, je suis tombée en amour. Rendue à Soppong, lui continuait jusqu’à je ne sais où plus loin. Dans un silence toujours présent, nous nous sommes faits des signes de salutation les mains jointes, envois de bisous soufflés dans le creux de la main et au-revoir comme par chez nous. Beau petit bonhomme va! Quelle belle rencontre.

    Me voilà arrivée à l’école. On m’installe dans une belle chambre toute neuve avec pour tout mobilier… un matelas mousse de 2 po. (pas dense du tout) directement au sol, eau froide fournie! Y a bien Internet, mais le signal ne se rend pas à la chambre. C’est pas grave, pour le moment je suis bien et je me sens privilégiée d’être dans un endroit neuf et propre. J’étais prête à me retrouver dans des conditions beaucoup plus désuètes que ça. Demain, je vais rencontrer la directrice de l’école et nous allons pouvoir commencer à discuter de ce que je pourrai faire pour eux.

     

    Thaïlande, Jr 1 - dimanche 22 mars

    Au moment de mettre sous presse, je n'avais pas encore installé ma moustiquaire :-)

     Thaïlande, Jr 1 - dimanche 22 mars
    Notez l'horizon complètement dans la brume. En fait, c'est de la fumée. Quand une culture est terminée ou quand on a un amas de déchets, on brûle. Et après plusieurs mois de sécheresse comme c'est le cas à cette période-ci en Thaïlande, tout est tellement desséché que le moindre feu fait une fumée et ça reste en suspend mélangé à la poussière omniprésente en ce moment. On ne voit donc jamais vraiment l'horizon et il y a une odeur de brûlé toujours perceptible.

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  • Bien que je sois arrivée hier en fin de journée chez Pen, c’est aujourd’hui que j’entame ma première vraie journée avec elle. Nous allons prendre un petit-déjeuner tranquille et puis nous entendre sur comment se passeront les choses dans l’avenir. Elle est prête à me garder sans charge pour une semaine, mais ça je ne le veux pas. Je veux pouvoir être utile et payer ma part de bouffe.

    Thaïlande JR-11
    Mon petit bungalow où il fait bon se retrouver même avec un coloc très inhabituel.
    Thaïlande JR-11
    Et vous... comment l'appelleriez-vous?

    C’est donc au son de la voix du maire de la place que je me réveille ce matin. Je n’ai aucune idée de ce qu’il dit, mais en revanche, je constate que c’est la dernière voix que j’ai entendue hier soir vers 21h et c’est la première voix que j’entends ce matin vers 6h15. Il doit y avoir un très gros haut parleur à la mairie et on l’entend partout dans le voisinage.

    Thamlod est un petit village charmant, une petite perle intacte lotie au cœur d’une forêt luxuriante où se forment d’énormes rochers qui sculptent les parterres et les propriétés tout autant que l’horizon. C’est une région où l’on retrouve plusieurs cavernes très profondes. Il est facile de s’imaginer que quelques peuplades néandertaliennes aient vécu dans le coin à une certaine époque.

    Les propriétés, pour la plupart très bien entretenues, sont jolies et construites de manière traditionnelle avec du bois massif. Dans cette région aux reliefs karstiques d’où émergent une flore très dense et variée, je reconnais les bougainvilliers en fleurs, les frangipaniers dégarnis en cette saison, des roses du désert constamment renouvelées, des orchidées qui s’épanouissent chez un hôte généreux et j’en passe. C’est vraiment un beau petit village, bien ordonné et qui a son cachet. Pourtant, on le dirait tout droit sorti d’une autre époque et presque d’un autre univers. Je me sens bien ici, les gens sont aimables et souriants.

    Thaïlande JR-11
    Les arbres trouvent leur chemin à travers ces formations karstiques.
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    Un bon exemple de la présence de ces rochers partout sur les parterres.

    Sur l’heure du midi, nous sommes allées manger dans un petit resto un peu plus loin. On a mangé une soupe avec nouilles, légumes et morceaux de porc. Cette petite balade en scooter m’a permise de bien apprécier le village dans son ensemble. Et surtout, je me suis mise à réaliser où j’étais et comment je me déplaçais à ce moment précis. Je me retrouvais seule, dans un petit village perdu du nord de la Thaïlande, je me sentais en sécurité à cheval sur le scooter d’une personne que je connais à peine et nous nous baladions en discutant et en admirant le décor de la façon la plus naturelle qui soit. Ouf! Tout un sentiment de privilège m’envahit soudainement car avouez, je suis pas pire pantoute d’en arriver là par ma propre volonté. Je remercie Pen bien sûr de tout ce qu’elle fait pour moi depuis que je suis seule car même sans la voir ou la côtoyer, j’ai pu compter sur ses conseils et son support à distance à tout moment.


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  • C’est jour de fête aujourd’hui. Nous nous dirigeons vers le temple Pa Ban Mai à Mae Hong Son. On souligne le passage d’un des jeunes cousins de Pen ainsi que d’autres jeunes d’un peu partout dans la province vers l’accomplissement de leur formation initiatique bouddhiste. Toute une cérémonie se tient pour souligner l’événement et cela se passe simultanément dans plusieurs villages.

    La veille, à travers les choses que nous avions à faire dû à mon arrivée précipitée, Pen n’a pu trouver qui que ce soit pour lui prêter un véhicule que nous pourrions utiliser pour nous rendre à destination. Mais ce matin, vers 6h30, quelqu’un du village l’a appelée et lui a offert de la prendre à son bord. Il y avait le monsieur, son épouse et leur jeune fils, Pen et moi. À une quinzaine de kilomètres de là, un peu plus vers Phang Mapha, nous avons pris une autre femme qui venait avec nous aussi. Nous étions trois adultes avec un bon fessier ainsi qu’un petit garçon sur la banquette arrière d’un camion conçu pour le confort de deux passagers. Le pauvre petit, on le perdait complètement à travers nous trois. C’est à peine si son visage émergeait entre sa mère et sa voisine. C’était plutôt cocasse. Qu’à cela ne tienne, encore une fois, je réalisais quelle chance j’avais de vivre cette journée accompagnée des gens de la place à vivre comme eux dans leur environnement et à leur manière.

    Arrivés au temple, un snack nous attendait et heureusement, car nous n’avions pas eu le temps d’avoir notre petit déjeuner. Il y avait des sachets de plastiques contenant des portions individuelles de riz collant, un curry de porc, un autre de légumes, des grillons bien croquants et qui de leur vivant, sont si bruyants qu’on ne s’entend pas quand ils s’y mettent tous en cœur. Bref, de quoi se sustenter et poursuivre le cours de la cérémonie bien concentrés sur ce qui se passe.

    Écoutez bien le son des grillons à quel point c'est fort... ce scillement qui prend toute la place.

    À l’intérieur du temple, quelques moines supérieurs sont assis sur leur promontoire et observent les gens s’installer ou discutent avec quelques fidèles qui se rendent jusqu’à eux, fléchis ou simplement à genoux afin de ne pas les dépasser en hauteur. Pen me présente à deux d’entre eux et leur explique que je suis dans le coin pour donner de mon temps et peut-être enseigner l’anglais ou autres tâches. Ils m’accueilleraient volontiers si j’ai envie de séjourner dans leur monastère. J’y pense…

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    Des jeunes moines ont reçu leur nouvel habit, ils écoutent avec attention le discours du moine tandis que les fiers parents prennent des photos et circulent à travers le groupe.

    Et puis la cérémonie suit son cours. Beaucoup de discours se succèdent et les jeunes apprentis arrivent et se regroupent en rang à une place qui semble leur être assignée ou habituelle pour eux. Tout de blanc vêtus, ils écoutent le moine qui anime l’assemblée en gardant la tête baissée en signe de modestie et de respect, enfin, ils ne sont pas très disciplinés, mais c’est quand même ce qu’ils devraient tous faire. À un certain point, les moines distribuent aux parents des sacs qui contiennent des habits. Ceux-ci se regroupent face aux jeunes moines et il y a remise des habits aux jeunes par un membre proche de leurs familles. Après quoi, des moines circulent à travers les jeunes et les aident à enfiler la première partie de leur habit et tous vont se retirer pour terminer l’habillage. Ils reviennent quelques dix minutes plus tard habillés des couleurs traditionnelles orangés et dorénavant, ils seront considérés comme de vrais moines et ce, aussi longtemps qu’ils le désireront.

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    Des moines assistent les jeunes initiés à enfiler leur nouvel uniforme.
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    Beaucoup d'offrandes ainsi que des dons ont été apportés pour subvenir aux besoins de la communauté monastique.

    La cérémonie poursuivra son cours avec d’autres discours et puis on va manger encore. Cette fois cependant, la table est dressée avec tout l’apparat des grandes occasions et les jeunes moines seront installés à la place d’honneur.

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    Mon amie Pen très fière de son cousin, pose ici en premier plan devant les jeunes moines qui dégustent leur repas.

    Un peu plus tard, trois jeunes hommes vêtus de costumes très colorés avec une coiffe fleurie et un maquillage magnifique, viendront rendre hommage aux moines.

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    Cette journée-là, il y a eu énormément de dons faits ici et là. Pen a elle-même donné plusieurs milliers de bath pour aider différentes familles qui étaient sur place et qui éprouvaient des difficultés à booker leur budget ou à maintenir leur enfant à l'école. En fait, partout autour de moi, je voyais circuler les enveloppes afin de les garnir ou encore afin d'être remises à un plus pauvre. C'était vraiment un moment de partage et de solidarité de toute une communauté.

    Nous sommes rentrés en après-midi dans une chaleur accablante en franchissant les quelques centaines de courbes bien serrées qui se dressent tout au long du parcours. Notre chauffeur était nul autre que monsieur le maire en personne! Pen le désigne sous l'appellation «headman». Pour eux, la fonction de maire en Thaï  exprime celui qui est à la tête. Mais quoi qu'il en soit; méchant chauffard! Règle générale, les courbes auront été négociées en lignes droite plus qu'autre chose.

    Somme toute une très belle journée, remplie de rencontres et de découvertes enrichissantes.


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