• Népal

    Il y a quelques temps déjà, j’ai commencé à m’ennuyer… beaucoup. Ça m’a pris plusieurs mois à le réaliser parce que ça ne m’était jamais arrivé auparavant et je ne saisissais pas la portée de mon malaise intérieur. Je me sentais seule et je m’isolais de plus en plus, laissant chacun-chacune avec ses conclusions quelques fois erronées.

    C’est en discutant avec mon amoureux de ce qui me tenaillait que l’évidence est arrivée; je devais m’occuper! C’est si déconcertant de vérité… J’ai donc décidé de m’inscrire à un Certificat en Tourisme durable offert par l’Université Laval en télé-formation. Pour moi, c’était le meilleur sujet d’études possible. J’adore voyager et découvrir d’autres cultures. J’ai souvent pensé que si je retravaillais un jour, ce serait dans le domaine du voyage. De plus, l’environnement, l’équité, l’authenticité dans le voyage, ça m’interpelle particulièrement. Bref, je devais entreprendre mes études en septembre 2014.

    Entretemps, la date de notre prochain voyage s’est imposée d’elle-même. Il nous restait du «crédit-voyage» à prendre pour cette année qui se terminait le 30 septembre. Fallait juste choisir une destination qui nous parlerait à tous les deux. Pourquoi pas le Népal? Entre deux géants comme l’Inde et la Chine, voisin du Tibet, oui ça nous semblait un bon choix pour s’imprégner de deux courants culturels importants; le bouddhisme et l’hindouisme. Sans compter que le Népal abrite la mythique chaîne de montagnes l’Himalaya!

    Me rappelant mon expérience de l’Indonésie, je me suis dit que cette fois, je ne passerais pas tout droit et je m’y suis prise à l’avance pour trouver un projet qui me permettrait de passer plus de temps au Népal. Une fois le billet d’avion payé, le coût de la vie n’est pas si cher et il doit bien y avoir moyen de trouver quelque chose…

    Tout en préparant notre voyage, j’ai communiqué avec l’agence de voyage Mandap Travel et c’est avec Pramod, son propriétaire que nous avons conçu un circuit sur mesure pour Louis et moi. Quelques fois avec un guide, quelques fois sans. Quelques fois en déplacement avec chauffeur et quelques fois en bus. Quelques fois dans un hôtel luxueux, quelques fois dans des endroits complètement inusités. Nous avons préparé un itinéraire vraiment intéressant et je décelais chez Pramod une passion pour son travail et son pays. C’est ainsi que j’ai découvert qu’il caressait un projet de tourisme équitable et qu’il avait besoin de bénévoles pour le concrétiser, car il est déjà fort occupé par son travail et d’autres implications sociales.

    Après deux très belles semaines passées avec mon homme dans ce pays aux contrastes incroyables et d’une beauté à couper le souffle, Louis est reparti au travail et moi, je suis restée pour aider Pramod dans son projet de tourisme équitable. C’est tout de même incroyable comme les choses se placent parfois. Me voilà bien occupée et en plein dans le vif du sujet d'études que j'avais choisi!

  • C’est samedi, seul jour de congé au Népal. J’ai pris le bus toute seule (ben ça vaut la peine de le souligner... c'était ma première fois) et j’étais l’unique peau claire à bord! Je crois que les gens me regardaient amusés par mes réactions. Faut dire que ça brasse dans les petits bus et on empile autant de gens que possible alors en plus des places assises, y a beaucoup de monde debout, enfin autant qu’il est possible d’en corder. De plus, il faut faire attention de ne pas toucher les gens, pas volontairement en tout cas, c’est plutôt mal perçu. Ça fait que t’as intérêt à te garder en équilibre par toi-même!

    «ahmaladu kamtrapitha samsaloran….» J’ai aucune idée de ce qui se dit, c’est même pas les bons sons, mais ça n’a pas plus de sens pour moi et c’est ici que je dois descendre. On m’a laissée un peu loin de ma destination, mais pas grave, j’ai marché et ça m’a permis de mieux comprendre les environs. Je me rendais à Thamel. LE coin touristique no 1 à Katmandou. Y a que des boutiques et des restaurants qui s’enfilent les uns après les autres. On y trouve à peu près de tout et c’est en général 30 à 50% plus cher qu’ailleurs. Il faut négocier serré, mais des fois, ça vaut la peine.

    Centre de Thamel

    Du monde, du monde, du monde! Partout et tout mélangé. Allemands, Polonais, Russes, Chinois, Indiens, Français, Canadiens, Américains, Australiens; Thamel, une tour de Babel tenue par les népalais. Heureusement, il y a l’anglais plus ou moins approximatif, puissant fertilisant pour les affaires!

    Un guide de trek m’avait invitée à prendre le thé pour discuter tourisme, il y a deux semaines environ. Je lui avais dit que je ne pouvais pas rester à ce moment-là, mais que je reviendrais quand je me serais libérée de mes obligations. Après avoir tourné en rond dans les rues avoisinantes, j’ai fini par retrouver mon chemin et aboutir à sa boutique d’articles de sport. Il n’était pas à cette boutique-là, il était à son agence où il vend des treks à des groupes de touristes. Je m’y suis donc rendue et nous avons partagé un thé sucré… Discuter tourisme équitable avec un népalais en quête de profit, c’est comme vouloir mettre de la margarine sur le pain de quelqu’un qui n’a jamais mangé que du beurre… ça passe pas! Discours parallèle, voire irrecevable.

    Planquée là en plein milieu de ma présentation, j’ai décidé de ne pas attendre son retour qui tardait de toute manière. Après lui avoir laissé un petit mot, je suis partie vers mon resto préféré; le Mahaaja. Tourne en rond, cherche cherche encore et finalement bingo! À chaque fois que j’y vais, c’est jamais du premier coup! J’ai peut-être pas le sens d’orientation le plus performant de la planète mais quand même, Thamel est un tel fouilli de rues et de ruelles. Submergé par la présence d’une foule impressionnante et multi-ethnique de piétons à travers laquelle se faufilent taxis, rickshaws, vélos et motos, ce quartier m’a conquise.

    Je me souviens, lorsque je suis arrivée à Katmandou en septembre, la fille de bois en moi a ressenti un sentiment presque de panique. Je prenais conscience que c’est dans cet environnement sale et pollué que je passerais les deux prochains mois. Dans quoi je me suis embarquée, comment je vais y arriver que je me disais, il règne un tel chaos ici… Et puis voilà. Après une semaine ou deux lâchée dans le désordre, j’y ai pris mes aises et je me suis mise à aimer ça! Le premier mois, j’ai vécu dans Dallu, un quartier très animé avec du monde partout et proche de tout. J’aimais beaucoup ça. Maintenant, nous avons déménagé dans cette superbe maison et j’ai une grande chambre à moi toute seule au troisième étage qui donne sur la terrasse. On a l’eau chaude à tous les robinets et l’air y est meilleur qu’en ville. Ici, c’est un peu la campagne…Vivre à Katmandou

     

    La maison que j'habite maintenant. La fenêtre sous l'escalier en haut complètement, c'est la fenêtre de ma chambre.

    Vivre à Katmandou

     

    Ma chambre rose :-)

    Vivre à Katmandou

     

    Mon quartier.

    Bref, je m’attache à Katmandou, je m’attache aux gens que je côtoie qu’ils soient jeunes bénévoles ou bien commerçants. Il est tellement facile de discuter avec les inconnus ici. Tout le monde est ouvert, a des choses à raconter et veut te connaître. Le proprio du Mahaaja m’a amenée sur sa moto pour me montrer une boutique où je trouverais des bijoux de bonne qualité et à bon prix. Il a même pris le temps de me présenter au commerçant en lui demandant de me traiter équitablement. Comme ça, simplement parce qu’au départ, j’ai voulu savoir où je trouverais un bijoutier honnête... mais aussi, je crois, parce que ça fait quelques fois qu’il me voit dans son resto et qu’il apprécie ma clientèle. Et ce qui ne gâte rien, il est vraiment beau gosse et très agréable à coller… en moto il va sans dire! Il y a eu aussi deux autres commerçants qui m’ont invitée à prendre le thé avec eux une fois la transaction terminée. Nous accordant ainsi le loisir d’échanger sur nos réalités et mieux se connaître. Mieux que ça encore, l’autre jour, un simple coup de fil auquel j’ai répondu et la dame m’a invitée à aller la rencontrer pour mieux se connaître. Elle me disait qu’elle sentait que j’étais une personne très gentille et qu’il valait la peine de découvrir. Dans un pays de 28 millions de personnes dispersées sur une superficie de 147 000 Km carrés. C’est 68 fois plus de monde au km carré que le Canada. Et malgré cette densité de population, on y enregistre l’un des plus bas taux de criminalité au monde. Les gens sont ouverts et expriment un réel intérêt pour les autres; je trouve ça complètement fascinant.

    J’ai l’impression que j’aurai à peine décelé la pointe de l’iceberg lorsqu’il sera temps de rentrer. Me reste quelques semaines encore, va falloir que je sorte afin d’enrichir un peu plus mon carnet de route et ma besace de souvenirs.


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  • À cette étape de notre voyage, nous avons particulièrement apprécié la proximité avec la nature, la jungle et la grande compétence des guides sur place. Nous logions au Tiger Land Resort aux abords du Parc national Chitwan, un lieu construit dans le plus grand respect de la nature qui l’entoure. Bordée d’un jardin magnifique, une petite route de gravier nous conduit jusqu’à notre bungalow. Tout est beau et fleuri. Il y a des papillons et des oiseaux partout. Quel endroit enchanteur!

    Parc national de Chitwan Parc national de Chitwan
    Parc national de Chitwan

    Les propriétaires possèdent cinq éléphants et ils organisent quotidiennement des sorties qui peuvent aller de deux heures à toute la journée dans la nature sauvage de cet endroit. Malheureusement pour nous, c’était encore trop tôt dans la saison pour faire une longue sortie car le sol était encore très détrempé par la mousson qui en était à ses derniers soubresauts. Ça devenait difficile pour les éléphants, pour les pauses et pique-nique en pleine jungle aussi. Nous aurons fait une sortie de deux heures.

    Parc national de Chitwan

    Nous avons pu observer des rhinocéros, des oiseaux magnifiques en trop grande variété pour me rappeler de tous les noms et puis également toute cette savane, habitat naturel du très impressionnant chasseur, le tigre de Bengale. Ce fut une sortie fort intéressante.

    Parc national de Chitwan

    Parc national de Chitwan

    De notre petit bungalow, tout en laissant s’écouler doucement la fin de la journée, nous pouvions admirer les hautes herbes de la savane bien installés sur la galerie arrière.

    Parc national de Chitwan

    Nous avons pu y observer des martins pêcheurs, des aigrettes, des hérons, des perroquets, des oiseaux du paradis, et même, tandis que Louis furetait l’horizon avait les jumelles, il a reconnu sur la cime d’un arbre, un calao bicorne. Nous l’avons bien reconnu malgré qu’il fut loin car nous distinguions nettement cette excroissance jaune vif au-dessus du bec. Et moi qui avait les jumelles lorsqu’il s’est envolé, j’ai pu bien voir son plumage. L’un des guides était sceptique, il nous montrait d’autres oiseaux qui étaient plus probables, mais ça ne collait pas avec le jaune vif et la taille de l’oiseau surtout si on considérant la distance de notre observation… Un autre guide, plus expérimenté, nous a confirmé que si c’était bien ce que nous lui avons décrit, oui ça ne pouvait effectivement être que cet oiseau rare. Bravo mon chum pour ton sens d’observation incroyable, tu m’étonnes toujours.

    Le lendemain, nous avons fait une longue randonnée dans la jungle juste Louis et moi mais accompagnés par trois guides. Deux d’entre eux avaient la mission de nous protéger au cas ou… il y en avait donc un devant, le guide avec nous et un qui fermait la marche. À la recherche du tigre de Bengale, nous avons vu des oiseaux, des termitières, des gros crocodiles féroces, des gavials tout peinards et puis tout une bande de singes très sauvages. C’est très différent que de les voir dans un temple! Bref, une belle sortie qui s’est terminée par la descente de la rivière au déclin du jour. Ce séjour dans la nature aura été le bienvenu après avoir connu Kathmandou et Pokhara, ça fait du bien de sortir de toutes les pollutions urbaines que nous avions côtoyées jusque là.

    Parc national de Chitwan

    Il ne manquait que le tigre de Bengale pour combler notre exploration de cet endroit, mais il nous a fait faux bond. Tant pis!


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  • Le Népal est un pays stupéfiant. À sa manière, son environnement urbain est à la fois complètement dépaysant et semblable à d’autres pays de l’Asie du Sud. Dans toutes les villes que nous avons visitées, c’est très pollué, bruyant, poussiéreux partout, sans compter une circulation très dense et désordonnée qui de plus, circule à l’anglaise. L’art de traverser une rue, l’art de marcher à travers tout ça, je ne sais pas comment ils font, mais tout le monde se partage la même voie; camions, bus, taxis, rickshaws, tuctucs, motos, bicyclettes, piétons, etc. et pas de feu de circulation en vue. Ils klaxonnent sans arrêt, pour sommer de dégager, pour aviser de leur présence, par impatience parce que c’est complètement congestionné. Le klaxon et omniprésent durant le jour tout comme la poussière et l’odeur d’essence.

    KathmandouPourtant, à travers ce tumultueux environnement, il existe plusieurs endroits où l’on perd la notion de cette réalité, où les sons ne sont plus que rumeurs et où l’histoire d'une riche et très ancienne culture s’impose d’elle-même par la présence de bâtiments surdimensionnés et d’un raffinement stupéfiant.

    Népal, jour 1 - Kathmandou Népal, jour 1 - Kathmandou
    Le stupa de Bodhanath

    Bodhanath est l’un de ces endroits aux allures démesurées. En fait, il y a beaucoup, beaucoup de monde à l’intérieur de son enceinte, mais il y règne une ambiance mélangeant le recueillement et le commerce. Étrange mais bien tangible. C’est le plus grand stupa du Népal et le temple le plus sacré pour les bouddhistes tibétains en dehors du Tibet. Édifice symbolique par excellence de la culture et des croyances bouddhiques, on y vient de partout pour se recueillir.

    Népal, jour 1 - Kathmandou

    Une fois l’entrée du site franchie, c’est très impressionnant de voir cet immense bâtiment se dresser au bout de la petite rue piétonnière. Ce stupa est entièrement rempli. Du béton, du sable, je ne sais trop mais il n’y a pas de vide. Vu la taille du bâtiment, on s’imagine la somme de travail compte-tenu des moyens technologiques à disposition.

    Il y a une légende qui entoure ce stupa. On dit qu’une fermière un jour (quelque part au 14e siècle) demanda au roi du moment la permission de bâtir un temple qui honorerait Bouddha. Le roi accepta et lui offrit autant de terre qu’elle pourrait couvrir avec la peau d’un yak. Celle-ci, plutôt futée, découpa la peau de la bête en fines lanières qu’elle disposa les unes après les autres afin de former un énorme cercle. Le roi, bien conscient d’avoir été floué, a tout de même accepté d’honorer sa parole et c’est ainsi que fut construit l’un des plus prestigieux stupa bouddhique de tous les temps.

    Le temple de PashupatinathNépal, jour 1 - Kathmandou
    Considéré comme le temple hindou le plus important du Népal, celui-ci est dédié à Shiva et seuls les hindous peuvent entrer dans le temple à proprement dit. Le toit de ce temple à deux étages est entièrement plaqué or. En tant que visiteur, on peut se promener tout autour, entendre les légendes et aller jusqu’aux abords de la rivière Bagmati (la plus sacrée du Népal). Ce site présente un caractère bien particulier car aux abords de la rivière, il s’y pratique continuellement encore à ce jour, des cérémonies de crémation. Plus le défunt est riche, plus il est brûlé proche du temple.

    De l’autre côté de la rivière, il y a toute une série de petits sanctuaires dédiés à Shiva. On appelle ça des chaityas. Ils sont très beaux et ils me semblent très antiques. Il y a aussi ces ascètes que l’on nomme sadhus qui sont maigres, recouverts de cendre et d’un maquillage très particulier. Nous n’avons pas pris de photos par perplexité plus que par respect… J’avoue que l’on ne savait pas trop s’ils étaient réellement des fidèles pratiquants d’un culte voué à Shiva ou bien juste du monde déguisé qui quête de l’argent pour vivre. Surtout quand on les voit avec leur téléphone cellulaire, ça fait pas très «renoncement»…

    De l’autre côté de la rivière, il y a aussi des gradins où on peut s’asseoir tranquillement et observer l’activité qui se passe juste en face. Pendant notre passage, nous avons assisté à une cérémonie de crémation. C’était un peu surréaliste et tellement loin de nos coutumes. Ça fait bizarre de voir un groupe de personnes réunies autour d’un mort enveloppé dans un linceul comme ça à l’extérieur, sur le bord d’une rivière. Et tout autour d’eux, la vie continue, les enfants courent, les chiens jappent et d’autres leur donnent des coups de pied, un monsieur est occupé avec son cellulaire, bref, à travers les vendeurs, les mendiants, les rites crématoires, les vaches, les singes, les pigeons et autres, la vie dans tous ses contrastes se déroule dans la douceur d’une ambiance unique et sacrée.

    Népal, jour 1 - Kathmandou

    Et pourtant, ce qui rend le tout encore plus inusité c’est que ce lieu est tellement sale. On y trouve partout de nombreux détritus laissés par les hommes et les animaux. L’eau brunâtre de la rivière est si opaque qu’il est impossible de voir le fond même à quelques centimètres. De voir s’y baigner les dévots et les enfants, c’est pour moi une réalité qui frappe.

    Népal, jour 1 - Kathmandou Népal, jour 1 - Kathmandou

    Toute une expérience!


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